vendredi 21 mars 2014

Le point ...

Bon.

Non pas que je le fasse exprès, hein, mais j’ai une annonce à faire.
Cela fait maintenant sept mois que je suis à Taiwan. Sept mois où j’ai vécu un truc déjà incroyable. Mais malheureusement le temps me rattrappe.
Je n’irais donc pas par quatre chemins. Alors j’ai décidé, lassée de toujours être en retard sur ce blog, de ne plus y publier de gros articles pavés mensuels. Bien entendu je vous donnerais des nouvelles, ici comme via mes parents. Mais le fait est qu’il me reste quatre mois avant de repartir en France. Et quatre mois, ca va vite …
Il me faut foncer. Le temps me rattrappe et j’ai l’impression d’avoir encore tant à découvrir, tellement de choses que je ne puis passer deux ou trois après-midi entiers sur la rédaction d’articles pour ce blog. Je n’oublie certainement pas le fait que la plupart d’entre vous qui me lisent aiment bien venir y voyager, et sachez que j’en tiens compte –et vous remercie pour ces commentaires, franchement je m’attendais à tout sauf ca quand j’ai démarré ce blog-informations haha !
Mais voilà, le fait est que je suis la voie de l’intégration, et que le temps que je passe à tout rédiger est un temps que je perd ici. Et un temps d’une préciosité croissante, suivant les jours et les semaines qui s’écoulent.( ne sachant pas si "préciosité" existe ou non, je croise les doigts pour que vous ayez compris le sens de ma phrase...)
Pas d’affolements ! Déjà je vais mieux, je suis maintenant dans ma 3e famille d’acceuil jusque juin et après on avisera. Mais, soyez-en sûrs, et j’ai déjà pris des mesures pour, pas question de remettre les pieds dans ma 1e famille. J’ai beau essayer, y penser, je sens au plus profond que c’est pas possible. Je peux pas oublier tous ces soirs, tout ce qui a pu se passer, non. J’ai perdu assez de temps comme ça. Fin bref je vais pas m’étaler là dessus.
Ma 3e famille est aussi incroyablement super ! J’ai un petit frère de 11 ans, son nom se prononce aussi comme mon nom chinois, Yi Ann, mais ne s’écrit pas pareil. Du coup quand ma mère en appelle un, on répond tous les deux et on éclate de rire. Comme si ma soeur s’appelait aussi Soizic, si ca peut vous aider à imaginer le quotidien. Le lycée est toujours cool. Je bosse mon chinois comme une malade, mais j’adore ça. Je veux dire, je crois avoir développé une passion pour cette langue et cette culture … mais ça on en parlera à mon retour haha.

Mais voici de mes nouvelles, plutôt.
J’ai fait un trip de trois jours en bus et hotel avec ma 2e famille et des membres de mon club Rotary, de Hualien à … Hualien; on a fait un tour en fait ! C’était super, on est allés dans des hôtels super classes (le Rotary ici c’est vraiment les gens très aisés). Et par dessus tout, on a fait de super trucs. Visité une des meilleures universités pharmaceutiques (la 2e meilleure en fait) où ils apprennent comment faire les médocs avec des plantes locales et tout, c’étais super intéressant. On a aussi passé une matinée sur un bateau à Kaoxiung, au sud de Taiwan, le temps était pas trop froid et y’avait du soleil, c’était agréable ! Mais bon j’étais barbouillée tout le reste de la journée et n’ai pas eu le moindre appétit pour quoi que ce soit ensuite, haha. Enfin le 3e jour on a fait beaucoup de bus, pendant que tout le monde dormais j’écoutais ma musique et contemplais le paysage, la côte ouest de Taiwan que je voyais enfin. On est rentrés pas si tard que ça à Hualien et j’ai dormi 10h ! Mais ca reste un super souvenir.

Sinon avec les autres inbounds, on a passé deux jours à Taipei et on a eu un concours de speech en chinois organisé par le district; chaque inbound devait participer, en solo ou en groupe. J’ai fait mon speech en chinois devant genre 200 personnes, et bon j’ai pas eu la 1e place mais … j’ai eu la 2e ! Mention spéciale discours le plus drôle, je sais pas si je dois bien le prendre ou pas. Enfin bref, se retrouver encore une fois avec les autres c’est cool aussi. Le lendemain, le dimanche, on a eu une sorte de séance photo de groupe, avec nos vestes et sans, c’était marrant aussi. Ces deux jours à Taipei m’ont donné envie d’y retourner, mais seule, fin du moins sans le Rotary, pour y rejoindre des amis inbounds. Mais organiser ca est un vrai casse-tête, je sais pas si j’ai le courage de de sortir de ma flemmardise. Mais mince j’aurais tout le temps d’être une feignasse en France, mais pas ici ! Demain je m’y met (je reporte à demain ce truc depuis deux semaines je crois, haha).

Je crois que ca y est. Je crois que je commence vraiment à m’intégrer à Taiwan.
Je peux parler, me faire comprendre et comprendre ce que l’on me dit avec de moins en moins de difficultés au fur et à mesure que je bosse mon chinois.
Je peux lire, j’ai passé les 550 caractères. Je peux savoir ce que vend telle ou telle boutique sans avoir à jeter un coup d’oeil à l’intérieur.
Je peux comprendre les maths au lycée, et les cours d’anglais. Dans certaines matières, pas trop techniques et où le prof parle plutot lentement, j’arrive à comprendre aussi, désormais. Sans parler des panneaux dans les rues, des menus des restaurants, et tout le reste.
Je sais où il faut aller si je veux acheter tel ou tel truc, et aussi où c’est moins cher, où c’est de meilleure qualité.
Je vais dans des endroits où des touristes n’iraient pas au premier coup d’oeil. Mais des gens qui habitent Taiwan, si.
Je sais quoi faire si j’ai un problème. Ca peut paraître tout con, mais vu ce qui s’est passé avec ma première famille, preuve en est que j’en étais pas vraiment capable au final.
Je sais ce que j’ai déjà fait,
Et ce que j’ai déjà vu ou visité, et ce qu’il me reste à voir.
Je crois que maintenant je ne vois plus Taiwan comme une étrangère, mais comme quelqu’un qui y habite… et ca ne fait que commencer, enfin j’espère.

Et à l’heure où j’écris ces mots, il me reste très exactement 114 jours avant de fouler le sol francais et de me trouver à 10 000km de là où je vis.

Souvenez vous que dans mes plus récents articles je disais que j’étais à 10 000km de chez moi. Puis, cela fait, relisez la phrase précédente. Allez, allez, je sais que vous l’avez pas fait.

Si c’est pas une preuve d’intégration, ça.
J’avais peur au début de trop perdre mes repères. Mais au fond … j’en ai forgé ici tout en en conservant là d’où je viens. Peut-être qu’il est possible d’avoir deux chez-soi, au final.


Je vous remercie de m’avoir suivie jusqu’ici. Maintenant que je vois le bout de la route venir, il me faut foncer, ouvrir mes yeux, mes oreilles, tout vivre à fond, le plus possible, avant de revenir.
Je vous donnerais de mes nouvelles, ne vous inquiétez pas. Mais il faut bien aussi que j’aie quelque chose à raconter lorsque j’aurais quitté cette aventure.
Ou non, plutôt, avant que cette aventure ne me quitte.


Merci à vous. Les mails auquels je n’ai pas répondu d’avec des mots le seront, je le jure. Mais si ce n’est pas par écrit, rassurez-vous. Réjouissez-vous même. Car j’y répondrais de vive voix.
Vous dire “à bientôt, j’espère” me rend autant heureuse que triste. Et déterminée par la même occasion.

Lee Yi Ann

Et Soizic Delattre avant toute chose, ne l’oublions pas.

samedi 8 février 2014


Salut tout le monde !

C’est une Soizic un peu crevée qui  vous écrit tant que tout mes souvenirs restent frais dans ma tête.

Je sais pas ce que j’ai attendu pendant les quatre premier mois de mon séjour pour demander un changement de famille. Quand je pense à tout ce que je fais avec ma 2e famille en trois semaines, en comparaison avec ce que j’ai fait en quatre mois dans la première, ça me rend dingue de me dire que j’ai perdu un temps précieux. Mais bon, passons.
Déjà, niveau lycée, je suis dès à présent en VACANCES ! Les PREMIERES de l’année. Si. Jusqu’au 11 février. Alors je veux plus entendre personne qu’en France y’a pas assez de vacances parce que je vous botte les fesses ! Haha.
Une semaine avant cette période tant attendue, mon lycée m’a demandé de faire une présentation Powerpoint de mon pays, de la culture française, etc … en anglais aux autres élèves – du collège à côté et de quelques classes du lycée. Ce que j’ai moyennement apprécié. Ok, pour tout ce qui est du partage de culture, je suis toujours partante. No problemo. Mais bon, j’arrive dans la classe, la moitié des élèves dorment et j’ai même vu le prof piquer du nez pendant que je parlais de la cuisine française … Sans commentaires, encore une fois ! Je sais pas trop pourquoi ils m’ont demandé ça. Mais dans au moins quatre classe sur une dizaine de présentations, les élèves étaient super motivés, le prof super impliqué, on a rigolé, discuté, etc, bref des moments agréables qui donnent envie de recommencer. Une fois, alors que le prof piquait du nez et deux élèves sur une trentaine m’écoutaient, j’ai fait la méthode Ras-Le-Bol-A-La-Française : Je me suis arrêtée de parler, j’ai attendu comme ça une bonne minute, et quand environ une dizaine d’élèves eurent arrêté de parler (une vingtaine continuait) j’ai crié un gros “ Xué Sheng !” (équivalent de élèves, camarades) et bom, ils se sont tous retournés avec des yeux ronds et n’ont plus rien dit jusque la sonnerie. Même le prof s’est réveillé, et m’a regardé du style “qu’est-ce qu’elle nous fais là?” mais je m’en foutais royal. Enfin bref, une expérience à pas refaire… tous les profs du lycée en ont eu vent !

Retour sur ma famille donc. Le 14 moi et ma mère d’acceuil avons prit le train direction TAIPEI ! Ouais. Elle a tout organisé : deux jours dans la capitale que je n’avais encore jamais visité telle quelle. On est arrivées, on a mangé dans un bon resto et on est allées dans un centre commercial ultrachic où travaille sa fille, Serena, qui est allée au Danemark en tant qu’inbound student. Elle est orfèvre en gros ; son boulot se trouve dans un atelier entre d’autres dans un centre commercial super chic style Printemps, avec des “stands” pour chaque marque. On peut y faire sois-même des bijoux avec l’aide des vendeuses comme Serena, ou en acheter – en or ou en argent, fait main, superbes trucs quoi. Serena m’a aidée à faire une bague et me l’a offerte – en argent ! J’vous dit pas comment j’étais trop … impressionnée, ébahie, heureuse à la fois, bref je m’y attendais trop pas et ca m’a fait super plaisir. En suite, après être allées acheter des livres et se balader un peu dans le centre commercial, on est allées toutes les trois manger un Hot Pot puis moi et ma maman d’acceuil sommes retournées à l’hôtel et dormir. Le lendemain matin, on est allées voir le mémorial de Jiang JièXi – le mec qui est venu à Taiwan pour fuir Mao Zedong et le communisme, là. Il y avait un petit musée avec des objets qui lui ont appartenu, des vêtements, etc. C’est incroyable de se dire qu’on se tient en face des chaussettes d’un mec aussi important. Puis, on a rejoint Serena, avons mangé dans un resto japonais ULTRA japonais : un super resto, un des plus vieux, avec que des trucs venant du Japon – plus rien à voir avec ce qu’on peut trouver en France. Il y avait aussi une des meilleures amies de Serena qui elle est allée en Allemagne avec le Rotary, Helen, super sympa aussi ! Puis on est allées faire du shopping dans un quartier de Taipei connu pour tous ses magasins de “chinoiseries”, vous savez, les trucs par cher qui coutent pas un rond qu’on jette au bout de trois mois. C’est incroyable, y’a tellement de trucs. Taipei, c’est … grand. Entouré d’immeubles, plein de gens. On peut tout y trouver, tout y faire, en une journée ou deux ou un an même. Cette grandeur, toutes ces possibilités me laissent encore sans voix. Tous ces gens, toutes ces existences, tous ces trucs à acheter, à consommer, à jeter, toutes ces maisons, ces apparts, ces boutiques, … Encore maintenant, une semaine après, j’ai un peu de mal à y poser des mots. On se sent comme petit, comme une fourmi parmi une fourmillière. C’est space. Mais j’aime bien.
Enfin bref, après avoir bien dépensé mes sous, on est rentrées à Hualien vers 7h après avoir dit au revoir à Serena. Elle est super cool, et comme sa maman, toujours joviale et en mode “enjoy the life” à chaque seconde. Je les adores déjà toutes les deux, et suis impatiente de la revoir.

Enfin, le lendemain, j’étais super crevée du coup on a pas fait grand-chose, à part acheter des légumes. Encore radioactifs.

Le vendredi, j’ai enchaîné avec un trip avec mes camarades à PinXi, là où il y a les lanternes (cf un de mes articles précédents où j’y suis allée avec les autres inbounds students). C’est toujours aussi beau, on a lancé nos lanternes après y avoir écrit nos souhaits en pleine journée du coup c’était pas aussi beau que le soir, mais ca en valait le coup quand même. Un autre truc que j’ai capté; ici chacun peut lire les souhaits des autres, or en France comme dans le monde occidental, si on dit un souhait il est pas censé se réaliser, pas vrai ? Du coup j’ai écrit les miens en français pour être sûre que seule moi puisse les connaître haha, non sérieux je trouve que les souhaits sont des choses privées, à ne pas forcément faire partager à tout le monde. C’est encore un fossé culturel que j’ai rencontré là : mes camarades m’ont demandé ce que je souhaitais, et j’ai bafouillé deux-trois trucs vagues, mais j’ai pas forcément envie qu’ils le sachent. D’où ma question : suis-je encore dans l’individualisme occidental quelque part ? Ou j’ai juste éclairci la frontière entre ce que je veux partager ou non ? En ayant vu la tête qu’ils ont fait quand je leur ai dit que pour moi et ma culture, partager les souhaits ne se fait pas trop, ils ont fait une drôle de tête … Mais bon passons, c’était une super journée, on a beaucoup rigolé. On est ensuite à Yilan dans un nightmarkets super connu, avec autant de “chinoiseries” et bouffe pas cher sur le pouce qu’à Taipei au moins. Je me suis balladée avec mes camarades, et avec ma prof. Je vous ai dit précédemment que j’avais l’impression d’être avec des 3e : c’est vrai, mais c’est pas pour autant que je ne m’amuse pas avec eux. C’est marrant, mais bon c’est pas les mêmes mentalités en fait, donc à doser. En en parlant un peu avec ma prof qui remarquait que j’était un peu distante, je lui ai un peu exposé le problème et elle m’a dit que c’est vrai, je suis vachement plus mature qu’eux, et que la mentalité que j’ai est plus proche des profs que des élèves … (c’est son point de vue hein, je traduis). Du coup je me demande, est-ce que c’est ça grandir ?

Après être rentrée de ce super voyage, le samedi on est allés avec ma famille voir un suuuuuuper hotel ultra chic près de Hualien, en face de la mer. Il est ultracher mais punaise je sais pas ce que je donnerais pour y passer ne serait-ce qu’une nuit. C’est magnifique, et en gros on se réveille avec la mer à côté de soi … Puis on est allés manger notre Hot Pot du Samedi, et ma mère d’acceuil m’a fait la surprise de m’emmener dans un établissement de massages chinois ! Il y en a plein en fait, c’est genre pour les problèmes de dos, rhumatismes, etc … médecine chinoise en gros. Parce que j’avais un peu mal au dos ces temps-ci, mais je m’attendais carrément pas à ça ! N’allez pas vous imaginer un truc genre zen, où ils nous posent des cailloux sur le dos pendant une heure en mettant de la musique douce et de l’encens. Oh non. C’est entre l’osthéopathe et le kiné – et les masseuses n’y vont pas de main morte ! Parfois c’est confortable, parfois ça fait mal, surtout quand elles s’attaquent à là où vous avez mal – l’épaule gauche donc dans mon cas, et des fois c’est juste la torture suprême. Moi qui suis ultra chatouilleuse comme vous le savez, je vous laisse imaginer comment mes mains ont broyé la serviette et mes dents se sont serrées quand la masseuse s’est attaquée à ma plante de pied … si elle avait voulu savoir quelquechose sur moi, j’étais prête à lui dévoiler mes quatre vérités pour qu’elle arrête ! Haha, non sérieux c’est atroce comme truc quand on est chatouilleux. Mais fallait bien tester !

Le dimanche, épuisée, je me suis reposée et ai préparé mes affaires pour le trip des montagnes. Mon dieu.



PREMIER JOUR

Bon, lever 4h50, départ 7h, rien de nouveau. Jusque 11h30, on a pris le bus dans les montagnes jusqu’aux plus hautes de Taiwan, gravissant ces immenses cailloux sur des routes sinueuses. J’étais à côté d’une amie qui était malade, la pauvre ! C’est vers 10h que j’ai perdu la connexion d’avec mes orteils, comprimés entre deux paires de chaussettes et mes Doc Martens.
Puis, première étape, on s’arrête pour manger vers 11h30-midi avec déjà une vue magnifique, sur une sorte d’aire de repos. Pas un nuage, un grand ciel bleu et un soleil éclatant. Mais le froid commence déjà à venir. Puis on reprend la route direction prochaine étape :  Mont Shimen, 3237 m d’altitude ! La route pour y arriver est à couper le souffle. Dans les hauteurs des montagnes, comme ça, j’avais un peu l’impression de partir au ski. Puis on est arrivés au pied du sommet qu’il faut gravir à pied. Punaise l’ascension était rude. Un vent glacé me sifflait aux oreilles, et je suivais d’autres élèves à la queue leu-leu sur les “marches” (paliers en bois pour plus de sécurité, parce que si on tombe, eh bah … bonne chance). Puis arrivée au sommet, grandiose. Je voyais déjà des nuages en bas, mais ne m’attendait pas à voir le sommet d’une autre montagne en face en ressurgir. Le soleil tapait fort et bien sûr, avec le froid, je ne m’en suis pas rendue compte. On est bien restés une demie-heure sur ce sommet, on a fait des photos avec le prof et il s’est rendu compte après dix minutes de poses différentes que l’appareil était pas allumé, du coup on a du tout refaire, y compris tous sauter en même temps en mode enjoy-the-life, qu’on a en tout fait une bonne vingtaine de fois sans exagérer. Mon cerveau commençait déjà à entrer dans des petites vappes, mais la beauté incroyable du paysage m’a sûrement empêcher de m’en rendre compte. Puis on est redescendus – un quart d’heure aller, ving minutes retour, parce que quand on descend on regarde le bas de la montagne et ça donne envie d’aller trèèèès doucement … . Et on est remontés dans le bus direction l’hôtel-ferme. Je sentais ma tête un peu sonnée mais je ne m’en suis pas préoccupée.
   Enfin, après genre une heure de bus, on est arrivés à un hôtel à 3400m d’altitude, avec une sorte de ferme et un parc sur tout le contrebas, où des gens vivent et étudient la forêt, font visiter, etc. Jusqu’à l’arrivée, le froid se faisait ressentir de plus en plus et ma tête ne se remettait pas. On est descendus du bus et on a directement enchaîné sur la visite de la forêt. Mes pieds étaient congelés jusqu’aux chevilles, je sentais même plus mes talons fouler le sol. Pareil pour mes jambes. Mes mains tremblaient toutes seules, et plusieurs personnes ont remarqué que j’étais super blanche.
   J’ai tenu la visite vingt minutes. Ma tête a boosté son état sonné et j’ai du m’appuyer à un arbre pendant qu’on marchait, car je voyais tout trouble et mes jambes tremblaient. Une amie s’est ultra inquiétée –depuis une heure en fait, mais a chaque fois je lui disais que ca allait, et le prof m’a dit de remonter à l’hôtel me réchauffer. Ce que j’ai fait péniblement, étant donné que la forêt est toute en pente on a du user de nos jambes de plus belle (mon amie m’accompagnait). Pendant qu’elle allait chercher nos affaires pour les mettre dans la chambre, les réceptionnistes m’ont prit ma température … 34.2 degrés !!!!! Après cinq essais pour voir que le thermomètre marchait bien, elles m’ont expliqué que c’est parce qu’il fait super froid et qu’on est en altitude … mais quand même j’étais choquée ! (ouais bon à moitié parce que j’étais aussi dans les vappes). Elles m’ont même donné une bouteille … d’oxygène ! Parce que ouais, je me suis pas rendue compte peut être à cause de l’air froid et de mon cerveau-lent (MEILLEURE BLAGUE DE L’UNIVERS EVER DEDICACE A MON PERE, LES GENES ME RATTRAPPENT. Pardon…) je suffoquais – depuis une heure selon mon amie. D’ailleurs au fait son nom anglais est Jocelyn, comme ma mamie, c’est comme ca qu’on est devenues potes en fait. Fin bref.

   On est allées dans notre chambre et j’ai pu constater les dégâts : en retirant mes gants, mes mains tremblaient toutes seules, mes ongles était carrément bleus et les cicatrices de mes piqures de moustique violettes. Le prof m’a dit de boire beaucoup d’eau chaude et de prendre une douche chaude, mais déjà la chambre était glacée, alors je vous raconte pas l’odyssée. Je me suis regardée dans la glace : mes lèvres étaient bleues aussi, j’avais des cernes immences et j’étais toute pâle … Rah le choc ! Bien que l’esprit embrumé, jamais j’avais été comme ça avant, et je pensais pas être réellement dans cet état-là. Je suis donc allée dans mon lit à boire de l’eau chaude et aller au toilettes pendant une heure, après quoi j’ai eu le courage d’aller prendre une douche … Horrible moment. En retirant mes chaussettes mes orteils étaient bleus, et pas seulement les ongles hein !! Je les sentais toujours pas, et j’avais peur que si j’en prenais un il ne se casse, hahaha. Mes genoux tremblaient un peu, mes dents et mes mains aussi d’ailleurs. Et j’étais toujours dans les vappes. J’ai tenté de me glisser sous l’eau pas trop chaude et, moment d’horreur ! Vous savez en hiver, quand vos orteils sont congelés, vous rentrez à la maison et ça fait un peu mal, pas vrai ? Parfois on a même des fourmis. Eh bah imaginez cette douleur. Mais des orteils aux chevilles. Et au bout des doigts. Mon dieu les larmes me sont montées aux yeux. Une fois plus ou moins habituée à l’eau de la douche – je tremblait comme un téléphone portable tout du long, j’ai eu le courage de me sortir de la douche. Le froid est revenu, et j’ai eu toutes les peines du monde à me sécher et me rhabiller – j’ai flingué toutes les serviettes de l’hôtel, tant pis pour mes camarades. Quand le cauchemar – et je pèse mes mots hein, non sérieux là j’en rigole mais sur le moment c’est vraiment ça, c’est atroce – a prit fin, j’ai regagné mon lit et ai essayé de me réchauffer du mieux que je pouvais en attendant mes camarades pour aller manger. Les fourmis se sont emparées de mes jambes – jusqu’au genoux !- et du bout de mes doigts pendant dix minutes de torture – les fourmis aux doigts je le souhaite à personne, même pas à ma prof de français de 1e que je détestais. J’ai quand même réussi plus ou moins. Puis, mes amies (deux filles super sympa d’une autre classe, dont celle qui m’a accompagnée) sont arrivées avec d’autres élèves (on est une petite dizaine par chambre). On est allées manger – il m’a fallu du courage pour ressortir ! et le prof m’a conseiller de rester alitée ce soir, de pas sortir. Du coup j’ai pu voir les étoiles depuis mon lit et ma fenêtre, toujours la tête embrumée et super déçue. C’est la première fois que ça m’arrive ce genre de truc, et zapper autant de lieux à découvrir d’un coup, en plus du froid et de ma tête qui n’en finissait pas, j’avais le moral dans les chaussettes.
   La fatigue a eu raison du froid et je me suis endormie sans même m’en rendre compte. J’ai même pas entendu mes camarades rentrer dans la chambre.

DEUXIEME JOUR
   Je me suis réveillée à 4h du matin, je sais pas pourquoi, et impossible de me rendormir. Tout le monde dormait dans la chambre, je tremblais plus mais j’avais quand même un peu froid. Après dix minutes de méditation sur est-ce-que-ca-vaut-le-coup-ou-pas, je me suis décidée à quitter mon lit pour aller aux toilettes (c’est bien beau de boire beaucoup d’eau chaude hein) et en ai profiter pour me remplir un bon gros thermos d’eau chaude que j’ai vidé en regardant le jour venir sur les montagnes. Et encore une fois, aucun mot ne me vient à l’esprit pour décrire ce spectacle. Non, faut voir ça de ses propres yeux, c’est tout. J’en ai oublié de prendre des photos, tiens. Ca se rapproche des matins de quand j’étais au ski avec mes parents, mais c’est différent encore.
   Mes camarades se sont réveillées et on est allées prendre le petit déj. Le deuxième jour était gris, venteux, bref biennn glacé histoire d’arranger les choses. Ma température n’ayant pas bougé, le prof m’a dit de rester au chaud au lieu de retourner à la forêt avec les autres – j’enrageais de rester cloitrée à l’intérieur mais bon j’avais pas tellement le choix, j’étais encore bien sonnée et je suffoquais. Pour toute consolation, j’ai eu le WiFi à l’hotêl. Puis j’ai attendu, entre les allers-retours aux toilettes, au distributeur d’eau chaude et mon lit, et mes camarades sont revenues, et on a rassemblé nos affaires. Un groupe – dont faisait partie Jocelyn – partait pour d’autres montagnes, leur trip est de cinq jour, tandis que moi et d’autres repartions pour Hualien. A 11h je quitte l’hôtel alors qu’une bonne brume recouvre les montagnes. Et au fur et à mesure qu’on regrimpe plus haut (il faut passer par un col quasi-sommet pour redescendre de l’autre côté jusque Hualien), mon état a un peu empiré. On s’est arrêtés en plein milieu sur une aire pour admirer un truc que beaucoup n’avaient jamais vu de leur vie – la neige !!! Eh ouais, il a neigé, et le vent était bien mordant. Pas un blizzard hein, dans le Nord on considèrerait ca comme un petit peu de neige en décembre. Mais bon c’est marrant de voir les autres s’agiter comme des malades, sans parler des brésiliens qui sont devenus fous. J’essayais de me réjouir du spectacle du mieux que je pouvais mais j’étais vraiment mal, mes doigts tremblaient de plus belle et je suffoquais. Quand on est arrivés à la dernière aire, au point culminant de la route, après avoir longé le quasi-sommet des montagnes pendant une heure, je me réjouissais parce qu’on allaient redescendre et bam, SURPRISE, merci la neige qui a fermé la route !!! Route impraticable, trop dangereux, du coup on a du refaire demi-tour. Après une heure de concertation, les profs encadrants on décidé de descendre par le sud puis de passer par Taipei pour rejoindre Hualien. Ouais, cinq-six heures de route en plus quoi.
   Et c’est ce qu’on a fait. On s’est acheté à manger dans des 7-eleven et on est restés assis pendant cinq heure trente de bus. Au fur et à mesure qu’on descendaient j’allais mieux, je recommencais à respirer à peu près normalement. J’ai dormi et écouté de la musique. Puis on est descendu dans une sorte de station de trains après Taipei où on a pris une navette pour Hualien – on a payé les ticket avec notre argent de poche. Résultat : arrivée à Hualien à 19h30, redécouverte de la présence de mes orteils à 20h12 quand je suis rentrée à la maison, complètement zombifiée, toute blanche et tout. Et comme j’avais dormi dans le bus j’avais pas sommeil, du coup j’ai essayé de noter tout ce que j’ai ressenti au cours de ce voyage pour passer le temps dans mon lit, mais mes mains étaient encore engourdies du coup j’ai essayé sur mon ordi, je tapais à deux à l’heure hahaha ! Ce que j’écris là date donc de plusieurs jours après les faits, donc désolée si j’oublie des trucs.
   Mais bien que déçue de pas avoir vu grand-chose à cause de mon état, ca en vallait carrément le coup d’oeil. Rien que les paysages mon dieu, non sérieux croyez-moi ces montagnes n’ont rien à envier aux fonds d’écran Apple. C’est tout simplement … pfiouuuuuu !
   Et puis comme mon amie Jocelyn me l’a dit pour me remonter le moral, “bad experiences make good memories !”


   Et le nouvel an chinois approchant, j’ai dû retourner dans ma 1e famille d’acceuil le  lundi suivant.
Je pense que vous l’aurez déjà compris, avec ma mère d’acceuil c’est déjà pas trop la joie. Au vu de tout ce que j’ai fait dans ma 2e famille, du nouvel an désastreux et de l’absence totale d’activités pendant deux mois au moins avant le changement, autant vous dire que j’étais pas pressée. Mais bon, c’est pas une raison pour faire la tronche. J’ai fait mon sac et ai dit au revoir à ma Maman Taiwannaise – de ma 2e famille d’acceuil hein. “Maman” parce que Maggie, je l’ai JAMAIS appelée comme ça, je peux pas, je la considère pas comme ma mère ni même comme une véritable mère d’acceuil en fait, plutôt comme une mère d’acceuil administrative au Rotary au bout du compte. “Taiwannaise” parce que je peux pas avoir une autre maman, parce que pour faire simple, j’ai percuté que ma maman ce sera toujours Marie-France Gouverneur, que ce sera jamais personne d’autre même l’espace d’une seconde et qu’il a fallu que je me casse à l’autre bout du monde pour capter ça – mais ca c’est une autre histoire.
   Fin bref, ma mère d’acceuil m’a conduit chez Maggie après m’avoir emmenée dans notre resto japonais préféré – j’ai traîné le plus longtemps possible pour pas quitter le resto mais il a bien fallu partir hein. Maggie n’était même pas là, on a dû l’attendre une demie-heure sur le perron parce qu’elle était au travail et Ray, son fils, était cencé être là mais il est parti jouer au basket et a oublié. Quand j’ai fait un gros-câlin-au-revoir-tu-va-sincèrement-me-manquer-beaucoup-pendant-une-semaine à ma Maman Taiwannaise donc, j’ai vu dans le rétroviseur de la voiture la tête de Maggie qui avait pas trop l’air d’apprécier le fait que je m’entende carrément mieux avec ma Maman Taiwannaise qu’elle … mais bon je me fait peut être des idées, hein. Puis je me suis installée dans ma chambre, ai échangé quelques brefs mots avec elle (devinez … mais siii, c’est “il faut que j’aille travailler, tu peux rester à la maison hein, et puis tu peux te faire à manger ce soir parce que quand je rentrerais j’aurais plein de trucs à faire et tout et tout”) puis à 17h je me suis fait à manger. J’insiste sur le “me”. Car dès qu’elle est rentrée j’ai essayé de lui faire comprendre, bien poliment bien sûr hein !, que bah j’ai pas spécialement envie de faire des choses avec elle au cours de cette semaine. Non pas que je sois rancunière, mais pendant quatre mois j’ai fait plus de choses par sentiment de culpabilité-si-j’aide-pas que je n’étais cencée en faire. Donc ca va hein.
  
   Sinon, de part ce que j’ai pu voir et le récit des autres inbounds, voilà ce qui se passe au nouvel an chinois : la famille se réunit, on parle, on se repose, on cuisine le repas du soir et … c’est tout. Ouais. Je suis restée toute la journée chez la belle-mère de Maggie à lire un bouquin. Puis le soir ils ont plein de plats différents, tous plein d’huile, de viande, de trucs que j’aime pas quoi. Maggie a essayé de me faire manger en me disant que je devais gouter à chaque plat car “c’est la tradition” mais non. Je me suis pas laissée faire, et ai avalé un demi bol de riz et quelques légumes. J’en ai marre qu’à chaque, CHAQUE repas elle essaie de me faire manger comme pas possible, non pas parce qu’elle s’inquiète de ma santé mais parce qu’apparament j’ai un peu maigri et elle a peur que les gens du Rotary disent qu’elle me nourrit pas assez ou tout des trucs comme ça. Vous l’aurez compris, j’en ai un petit peu marre de baigner dans l’hypocrisie …
   Le soir, on a entendu plein de feux d’artifices, mais à 9h on est rentrés parce que devinez quoi? ELLE ETAIT TROP FATIGUEE. Non, sans blague. Puis, le lendemain, ils sont allés dans des temples prier, bruler de l’encens et déposer des fruits en guise d’offrande.
   Pour des raisons que je tiens à garder, ces jours dans ma 1e famille ne se sont pas ultra bien passés. Peut-être ai-je été trop rancunière ou trop en colère, mais je m’en fiche. J’ai mes raisons … Mais je me laisse pas abattre pour autant hein !!

Puis je suis retournée dans ma 2e famille – que je considère bien plus comme ma “famille” taiwannaise. Le temps est pas terrible mais on fait toujours des sorties, ou on reste à la maison à glander comme des larves (ce qui me dérange pas haha). Mais toujours dans une ambiance différente. J’ai pas à me sentir coupable pour quoi que ce soit. Et vous savez quoi ? Je crois même plus aider ma Maman Taiwannaise que Maggie ! Hahaha.

Enfin bref. La vie continue. Voilà que je suis au milieu de mon échange, ce qui me fait réaliser pas mal de trucs. Tout ce que j’ai appris et vu, et tout ce qu’il me reste à voir et à faire. Pour l’instant je sais pas trop encore ce que je compte faire, d’abord reprendre les cours le 11, puis deux semaines plus tard y’a un trip à Kaoxiung avec mon club. Mais ce qui est sûr, c’est que je laisserais plus personne gâcher cette année. J’ai pris conscience que c’est MON échange, MON année, et plus question de perdre mon temps. Keep going !

Merci à tous pour vos mails, etc etc. Je bâcle un peu la fin de mon article parce que ca fait genre trois jours que je suis plus ou moins dessus et c’est pas tout ca mais j’ai un pays à découvrir ! Et un trip familial à organiser, mais ca c’est une autre histoire…

Une pensée particulière à Michel Piette dont le mail, bien qu’il date un peu, m’a carrément aidé dans bien des situations. Aussi à ma grand-mère, ma marraine, mes parents et ma soeur qui sont toujours là pour moi.

A la prochaine !

Soizic.

samedi 4 janvier 2014

5.1.14

Salut tout le monde !

Eh bah, quel mois de decembre.

Il y a eu le passage tant redouté de mon anniversaire. Mais étant donné que je ne peux jouir de mes droits d’adultes que sur certains plans – financier notamment, pour ce qui est des droits politiques, de l’alcool, du tabac et compagnie, c’est niette. Du coup les 18 ans je les percute pas encore vraiment. Et ça j’ai toujours du mal à l’accepter, d’autant plus que je suis entourée de gamins toute la journée au lycée.
En parlant de ça, j’ai capté un truc. En en ayant discuté avec mon prof de français, je suis vraiment avec des gens de 3e dans leur tête. Ok, au lycée on peut dormir, c’est cool et tout, mais rien que l’uniforme : tout le monde habillé pareil, rangé pareil, avec des numéros comme des matricules. On ne demande jamais l’avis des élèves, on ne les interroge jamais à l’oral, on les laisse dormir parfois, on les laisse quitter la classe pour aller aux toilettes en plein milieu du cours. Le prof arrive, fais son cours, la cloche sonne et il repart aussi vite qu’il est arrivé.
En français on a regardé le film “Entre Les Murs” (que je conseille vivement), pour montrer ce que c’est que l’école en France en gros. Déjà, ils étaient plutôt étonné de voir les élèves sans classe qui leur est propre, mais c’est rien à côté des scènes où ils reconstituent en gros un cours. Les voir voir des élèves s’exprimer, contester les paroles du prof, faire du bruit, répondre … c’est le grand fossé qui sépare l’école française de l’école taiwannaise.
Mais faut pas se berner. Ici, avec l’uniforme, ils sont “tous les mêmes”, je veux dire, tous habillés pareil qu’on soit grand ou petit, gros ou maigre. Ici, on ne leur demande jamais leur avis, on ne les interroge que par écrit quand ils ont des interros. C’est un peu des moutons d’une certaine manière, mais on ne leur donne pas l’occasion de s’exprimer non plus. De très, très rares fois, les plus “turbulents” (quand ils ne dorment pas) vont au tableau, en maths ou en français –d’ailleurs la classe de français est la seule où il y a un dialogue digne de ce nom entre le prof et les élèves à chaque classe-. Tandis qu’en France c’est contestation, avis sur avis, ok parfois c’est ultra lourd –pour l’avoir vécu hein !- mais il y a un dialogue. Pour résumer, je trouve qu’en fin de compte en France les élèves ouvrent trop leur bouche et ici pas assez. Mais bon, c’est mon ressenti, peut-être que vous le percevriez différamment.
Mais c’est pas pour autant que je leur parle pas, oh non. Je sors déjà en ville avec certaines camarades que je peux considérer comme “amies” déjà, et plus particulièrement à une, peut être parce qu’elle parle couramment anglais. Mais je remarque qu’au plus je bosse et pratique la langue chinoise, au plus ils viennent me parler … ce qui me motive encore plus pour apprendre ! Si seulement ca avait été pareil l’année dernière pour la SES …


Bien sûr que j’ai pleuré, si c’est ce que vous voulez savoir sans le demander dans vos mails et cartes. Et encore plus de fois j’ai retenu mes larmes. Ma famille me manque terriblement en ces fêtes de fin d’année, c’est indéniable. J’espère que le nouvel an chinois me permettra d’effacer tout ça. Enfin je veux dire, ici à Taiwan, Noël ne se fête pas et seul mon lycée a eu un jour férié le 25 parce qu’ils sont cathos (oui, j’ai eu “cours” le 24 ! mais ca c’est une autre histoire). Du coup, niveau climat et absence de décorations ou autres qui rendent l’arrivée de Noel imminente (déco des magasins, des maisons, jouets partout partout, rush des adultes pour acheter les cadeaux, etc.) bah j’ai pas vraiment senti que c’était Noel. Et j’ai cours le 31 décembre également, seul le 1e est férié ! Mais bon j’ai de la chance, le 2 et le 3 y’a des examens du coup j’ai cours que Lundi 30 et Mardi 31. Je plains par contre mes pauvres camarades de classe …
Mais le nouvel an chinois est une autre pair de manches. Ma famille m’en parle déjà; c’est THE évènement. Déjà on a genre un mois de vacances, et en plus on retourne dans nos premières familles d’acceuil une dizaine de jours. Il y a la blinde de festivités et tout et tout. Alors j’espère que ce nouvel an chinois me permettra d’oublier un peu le monde et les fêtes occidentales pour encore mieux me plonger dans la culture asiatique, et peut-être même “couper le cordon” histoire d’oublier cette fin de mois douloureuse. Et de, par ces deux nouvels ans, repartir sur des méga bonnes bases, ancrée du mieux que je le peux dans cette culture, parce que oui, mine de rien, fin janvier c’est aussi la “frontière”, le milieu de mon échange, le grand tournant, et mes choix auront de sacrés impacts sur l’avenir de mon échange et encore plus sur les souvenir que je vais en avoir.
Niveau pratique de la langue, j’ai franchi les 350 caractères que je peux écrire, reconnaître dans la rue, mais pas toujours écrire de mon propre chef. Beaucoup de sonorités sont identiques et les caractères ne représentent pas ce qu’on entend mais ce qu’on voit. Du coup pour un son comme “shi” on peut avoir jusque 50 caractères différents, représentant des verbes, noms, adjectifs et tout le barnum. Sans parler de la grammaire qui est carrément différente. Mais c’est pas impossible de tout apprendre, tout pratiquer et tout perfectionner, oh non.

Le 21, j’ai dit adieu à un ami brésilien, qui lui est arrivé à Taiwan en janvier 2013 –échange d’été donc, comme c’est le cas en Australie où tout est inversé. Ce gars a été mon grand frère pendant 4 mois. C’est lui qui nous a tout montré à Hualien, qui nous a donné tout plein de conseils, qui nous a guidés quand on étaient paumés d’une manière ou d’une autre. Mais il a été bien plus que ça; il m’a aussi donné un apperçu de ce que je pouvais être en fin de séjour, du niveau que je pouvais avoir en chinois, des choses que je pouvais encore découvrir sur le monde ou sur moi-même … bref, ça m’a donné un apperçu de ce que je pouvais apprendre et accomplir et plus d’une fois cet apperçu m’a découragé de baisser les bras. Bon j’ai pas pleuré pour son départ j’ai attendu de rentrer à la maison et de m’enfermer dans ma chambre pour le faire, car avoir un grand frère et le quitter en cette période critique des fêtes de fin d’année c’est genre pas mais pas du tout top pour le moral. Mais bon. Je n’ai que des souvenirs heureux et ce pote brésilien, ce Big Brother Bear comme je l’appelais (référence au film Frère des Ours, parce qu’il m’appelais Rebelle et il fallait que je lui trouve un surnom Disney qui lui correspondait), fait partie intégrante de mon voyage et chaque fois que je penserais au début de cette aventure je penserais à lui. Et puis, c’est marrant dans le fond de se dire qu’on a eu un grand frère brésilien à Taiwan – ca fait genre société cosmopolite et tout. Mais au final c’est bien au delà de ça.

Sinon sinon, le 31 a été ni plus ni moins pourri. En gros on a eu un meeting avec mon club qui s’est fini à 21h. Moi et le brésilien ayons pu rejoindre d’autres amis inbounds, sauf que comme ma mère est la secrétaire du club, elle était “très très fatiguée et occupée par son travail”, comme d’habitude à chaque fois que je sors. Alors que TOUS les autres inbounds avaient la permission de minuit et demi, bah y’a Soizic qui est rentrée chez elle à 10h. Ouais, 10h. Mon père d’acceuil et mon frère, j’avais aucune idée d’où ils sont allés pour fêter la nouvelle année, mais ils étaient en dehors de la maison c’est sûr. Du coup je suis rentrée avec les nerfs à fleur de peau, sachant qu’à chaque fois ma mère d’acceuil me sert toujours les mêmes excuses –du moins c’est comme ça que je le ressent. Je sais pas ce qu’elle a fait après et je m’en moque, j’ai foncé dans ma chambre et ai répondu aux mails que certains d’entre vous m’ont envoyé. Puis je me suis mis Kill Bill et Django Unchained sur mon ordi, avec mes écouteurs. J’ai percuté que la nouvelle année était arrivée à la fin de Django, soit à peu près à une heure du matin. Bien qu’à Taiwan ils aient le nouvel an chinois, il y avait des feux d’artifice et plein de monde dans le centre de la ville. Et rester comme ça, chez moi, alors que tous les autres étaient ensemble pour marquer l’évènement, parce que ma mère d’acceuil est “trop fatiguée” (même excuse depuis quatre mois), ouais comprenez que je l’avais un peu mal. Mais bon, le lendemain matin, à 9h pétantes, je descendais avec ma valise et toute mes affaires, parce que …
CHANGEMENT DE FAMILLE !!!

C’est à 10h que je suis arrivée dans ma nouvelle famille, qui elle vit au sud de Hualien par rapport au centre ville. Déjà, ma nouvelle maman travaille pas, ce qui me laisse pleiiiiiiiiin de possibilités : plus obligée de faire la cuisine, de plier TOUTES les fringues de la famille, de faire TOUTE la vaisselle, de pas faire de bruit parce que à 6h mon ancienne mère d’acceuil dormait ou prenait un temps calme. Mais rassurez vous, je sais que je suis pas à l’hôtel hein. J’aide aussi, je fais la vaisselle, et tous des trucs du genre, mais c’est différent. Ma nouvelle mère d’acceuil m’a absolument rien demandé. Contrairement à la première, elle ne prend pas cet air archi exténué pour me faire bien sentir coupable si je l’aide pas. Elle a carrément été surprise de me voir mettre la table – en lui demandant poliment si je pouvais bien sûr, oubliez pas que c’était le premier jour hein.
Sinon, après avoir réinstallé mes affaires dans ma nouvelle chambre, on est allés manger un hot pot – en gros c’est un plat de bouillon non gras constamment chauffé, et on y cuit sois-même ce que l’on veut, viande, légumes, tofu, etc … Il y en a plein à Hualien, et j’avais jamais testé avant. Dans tout Taiwan c’est ultra connu, et en quatre mois passés dans ma première famille, il a fallu que je change pour y mettre les pieds la première fois, au bout de quatre mois. Sans commentaires. J’ai aussi rencontré Amanda, une américaine qui il y a sept ans était venu dans ma nouvelle famille –alors que leur fille était en échange au Danemark. Elle a fini l’université et est revenue à Taiwan enseigner l’anglais. Elle est super cool, bien qu’un peu spéciale parfois, mais super cool avant tout.
Ensuite, on est allés au supermarché avec Amanda pour acheter des fruits. Mes nouveaux parents d’acceuil parlent beaucoup moins anglais que Maggie, ce qui me laisse carrément plus pratiquer le chinois – avant il fallait que je demande à Maggie de parler chinois et non anglais par moments … et mon père d’acceuil est présent, bien qu’il travaille du lundi au vendredi – avant je le voyait qu’une vingtaine de minutes sur tout le weekend et il ne me parlait pratiquement jamais. En suite, on est rentrés à la maison, et on a parlé de tout ce qui est règles, emploi du temps, bus –ouais maintenant je prend le bus une demie heure pour aller au lycée !- et tout un tas d’autres trucs. Le jeudi (02/01) et le vendredi je suis allée en cours, normal quoi. Et le vendredi soir on est allés dans le centre ville prendre un café et une part de gâteau – sauf moi, pas de café sinon je dors pas et pas de gâteau car la nourriture taiwannaise a assez fait de dégâts comme ça sur mon Monsieur GrasDuBide- le tout en parlant, en rigolant.
Hier –samedi donc, lever à 6h30 et départ à 7h20 pour un truc que j’ai pas fait depuis mi-octobre au moins : VOYAGER ! On a prit la voiture et Amanda au passage, direction le sud et Taidong. La route était longue mais cool parce qu’on discutaient tous ensemble la plupart du temps. On est passés par le Tropic du Cancer (oui, si si, la ligne au nord de l’équateur sur toutes les cartes du monde là. D’ailleurs ca fait bizarre, il y avait une sorte de gros marqueur en monument pour bien placer l’endroit, et se dire qu’on est enfin sur une ligne qu’on étudie depuis la primaire, ca fait bizarre. Je me souviens m’être imaginée sur la carte du monde, avec un A comme sur google maps pointé sur le croisement entre Taiwan East Side et la ligne imaginaire, ca fait tout drôle). Puis, on est allés vers Taidong après s’être arrêtés à plusieurs endroits superbes et on est allés dans un resto super connu, un autre Hot Pot avec un méga buffet de viande et d’innombrables légumes, tout bio et tous de la campagne juste à côté. Il y avait la campagne qui s’étendait à perte de vue (le resto est en hauteur sur les mini montagnes), et bien que le temps fut nuageux tendance mini brouillard à l’horizon, c’est tout de même magnifique. Par la suite, après plusieurs arrêts – dont un sur un terrain qui sert de départ de parapente et mongolfières en été, d’où l’on peut voire touuuuute la plaine et ses cultures – on est allés dans un village aborigène se balader et voire un spectacle de danses. J’aime beaucoup cette facette de la culture Taiwanaise, qui est ultra locale. Persécutés par les Japonais, les aborigènes se sont tous beaucoup déplacés dans les villes pour travailler, et se sont divisés et certains n’ont pas transmis les chants et les danses et toutes les autres facettes de leur culture à leurs enfants. Ils se sont regroupés de plus en plus depuis les années 60-70 et depuis s’efforcent de partager et transmettre leur culture à leurs enfants et aussi à qui veut bien découvrir ce qu’ils sont – et croyez moi y’a du monde. Après une pause café, on a reprit la voiture direction une autre ville, où mon père d’acceuil – qui vient de la campagne- s’arrête chaque fois qu’il y passe depuis trente ans pour manger un bol des nouilles les plus connues de la ville parce que quand il était petit c’était son rêve d’en manger le plus possible tellement il adore, m’a-t’il dit. Comme quoi. Mais bon comme il était 4h de l’aprèm et que l’orgie de légumes que je me suis prise au déjeuner m’a plus que calée, moi comme ma mère d’acceuil et Amanda n’y avont prit qu’une cuillère – et punaise ouais elles sont bonnes ces nouilles, bien que super grasses. Et après, on a repris la voiture, direction … les Hot Springs – ou thermes, si vous préférez. On est allés dans un établissement thermal qui a plus de cent ans dans les montagnes pour prendre un bain dans de l’eau à 37 degrés ! L’hiver ici est particulièrement cruel, parce que humidité+vent froid des montagnes et de la mer = le nord pas de calais n’est plus si loin que ça. Alors des bains d’eau chaude d’extérieur comme ça, avec la fumée du contact entre l’eau chaude et l’air froid, c’est parfait ! Je suis restée dix minutes dans le bain à 42 degrés mais suis sortie un peu trop vite parce que ma tête tournait, et passer du chaud au froid en sortant du bain qui plus est rapidement m’a mise un peu dans les vappes, j’avais les oreilles qui bourdonnaient et les muscles tous engourdis sans parler de la tête qui tourne pendant un bon quart d’heure, mais après avoir respiré et m’être assise un bon coup ça allait mieux. On est enfin repartis pour Hualien, on a déposé Amanda chez elle et on est rentrés vers 8h. J’étais complètement claquée du coup à 8h30 je dormais, mais j’ai bien passé cinq minutes pleine de gratitude à remercier et remercier encore ma famille, d’une sincérité pure et profonde. Pourquoi ? Parce que pendant qu’on roulaient pour rentrer à Hualien, j’ai capté que en quatre jours que j’ai passés dans ma nouvelle famille, j’ai fait autant de choses et vu autant d’endroits que pendant les deux-trois derniers mois dans ma première famille.
Ca a l’air tout con, mais c’est comme ça. Je les adore déjà, et le fait d’avoir refait ma valise – qui a doublé de volume et tout m’a refait vivre mon premier jour. J’ai pu percuter combien j’ai appris, combien j’ai découvert, et surtout combien il me reste à vivre ici. Et de ce point de vu j’ai intérêt à me grouiller !
Ca fait maintenant un peu plus de quatre mois – presque quatre mois et demi que je vis ici. Ou d’une autre manière, il me reste 6 mois et 9 jours à l’heure où je vous écrit pour découvrir, découvrir, voir, voir, apprendre, apprendre, me gaver intellectuellement de tout ce que je peux engloutir.
Maintenant que j’ai 18 ans, je peux aussi le dire : le temps passe vite …

Je remercie infiniment tout le monde pour les mails, les messages, au cours de cette période Noel-Nouvel An. Vous l’aurez compris, elle a pas été fantastique, du fait de la lassitude de ma première famille, de l’éloignement et de la différence culturelle. Mais bon, je m’accroche, et il faut bien des mauvais moments de temps en temps pour rebondir encore plus haut, nan ?

S’il vous plait, ne m’en voulez pas si je répond en retard ou pas du tout. Mais au plus je répond, au plus je me place spirituellement dans le Nord, auprès de vous, et du fait, au plus je m’éloigne de Hualien et Taiwan, ce qui est pas vraiment le but premier de l’aventure. Et il faut bien que je vous réserve quelques surprises pour mon retour, nan ?

Allez, gros bisous à tous ceux qui ont le courage de lire ce carnet de voyage occasionnel. Loin des yeux, près du coeur.

Soizic

lundi 2 décembre 2013

L'anniversaire.


Voilà voilà voilà, le grand jour est arrivé.

Après avoir demandé la permission à ma mère d’acceuil, je me suis levée à 5h ce matin. Je me suis habillée et lavée vite-fait, j’ai pris mon vélo. Je me suis arrêtée au marché qui venait à peine d’ouvrir et me suis achetée une des meilleures pommes de tout Hualien, une de ces pommes japonaises deux fois plus grosses que mon poing (sans une once d’éxagération) à 150 NT$ (3.75 eu), avec un café des plus amers comme je les aimes. J’ai aussi pris une gaufrette de Mamie Momo et un carré de chocolat ultranoir.
J’ai renfourché mon vélo alors qu’il faisait encore nuit noire et ai atteind la mer, près du port de Hualien. Je me suis posée sur un banc et, dégustant ma pomme et mon café et ma gauffre et mon carré de chocolat, j’ai regardé le soleil qui se levait sur la mer, aux premières loges de ma vie d’adulte. J’ai pas spécialement fait de discours poétique comme-dans-les-films dans ma tête, ni même une réflexion sur ma vie, ni quoi que ce soit d’autre. J’ai enfin réalisé, enfin, je crois. J’ai juste pris une photo, une seule. C’est que des pixels sur un écran, pas de quoi s’affoler. Mais c’est aussi une représentation du premier jour de ma vie d’adulte.

J’ai également reçu dans le colis de mes parents et Mamies une bougie de 18 ans sur un cupcake. Après dix minutes au cours desquelles je me suis cramée les doigts en essayant de l’allumer malgré le vent glacé (RIP la boîte d’allumettes), j’ai réussi à l’allumer et à faire mon voeu comme il se devait ! Ouais bon maintenant, avec brûlures+froid intense+absence de biafine+engelures, j’ai les doigts aussi féminins que ceux d’un menuisier de 50 balais, j’fais moins la fière …


Ca fait 18 ans que je foule le sol de cette planète. 18 ans, ca veut dire que je suis une adulte à part entière aux yeux de la loi. Je peux acheter de l’alcool, des clopes, je peux aller en taule, disposer de ma thune comme j’en ai envie. Je peux bosser, payer des impôts, passer le permis, avoir une voiture et une moto. Je peux voter, je dois remplir mes devoirs de citoyen comme on nous en rabache les oreilles en éducations civique depuis le collège. J’ai 18 ans, ca veut aussi dire que je dois être responsable, montrer l’exemple, tout ça.
Mais j’suis encore loin de tout ça. Déjà, pour ce qui est de l’alcool, des clopes et du permis, ça attendra mon retour en France. Pareil pour mon devoir de citoyen, pour le boulot, les études, l’appart et les impôts… En fait, du point de vue de ce que je peux faire, il me faut attendre mon retour en France. C’est peut être pour ça que j’ai du mal à percuter. Bah, c’est comme mon bac, je réaliserais progressivement (ca commence tout juste à rentrer à l’heure où je vous parle).
J’ai 18 ans. Et pourtant, je suis toujours une vraie gamine. Je me dispute avec ma soeur comme si j’avais 9 ans comme elle. J’ai 18 ans, et je marche toujours sur les lignes blanches des passages piétons pour pas tomber dans le volcan ou le lac aux crocodiles. J’ai 18 ans et je suis toujours accro aux bonbecs. J’ai 18 ans et je fais toujours des dessins sur mon cahier –quand je colorie pas l’intérieur des lettres- quand je m’ennuie en cours (quoi qu’avec les caractères chinois, colorier l’intérieur des lettres c’est carrément plus difficile.). J’ai 18 ans et avant hier encore je regardais des épisodes des Looney Tunes, des Super Nanas, des Cités d’Or, de Olive et Tom et de Tom et Jerry sur mon ordi. J’ai 18 ans et le Roi Lion est toujours mon film préféré. J’ai 18 ans et j’emmerde toujours mon chat en le réveillant quand il fait la sieste quitte à me faire bouffer les mains par ses coups de griffes. J’ai 18 ans et j’aime toujours grimper aux arbres, escalader les rochers, faire des trucs stupides et dangereux pour exaspérer ma mère. J’ai 18 ans et je me ronge toujours les ongles, je fais des grasses mat’ monstrueuses, je mange comme un porc. J’ai 18 ans et j’attend toujours ma lettre pour Poudlard. J’ai 18 ans et je fais toujours des grimaces quand on veut me prendre en photos. J’ai 18 ans et j’ai pas pu partir à Taiwan sans ma peluche de tortue que j’ai acheté aux Canada il y a 10 ans. J’ai 18 ans et mon amoureux secret c’est toujours Mark Landers de la série Olive et Tom (ouais c’est le méchant de l’histoire, et alors?). J’ai 18 ans, et j’arrive pas encore à percuter tout à fait ce que ça veut bien dire.
Et passer ce cap à 10 000 km de chez moi, j’vous raconte pas.
Après le coucher de soleil, une fois bien au chaud avec une tasse de thé et mon gros pull Totoro sur les épaules, j’ai pris mon courage à deux mains et ai ouvert ma boite mail. Et je vous avoue que je ne m’attendais absolument, mais absolument pas à ca.
La vidéo que vous avez tous fait, à laquelle nombre de personnes de ma famille et des amis ont participé, m’ont je l’avoue arraché une demie-heure de larmes. Mais ne vous inquiétez pas, c’était des larmes de joies. De toute ma vie je n’aurais assez de temps pour vous dire merci autant que vous le méritez. Je trouverais peut-être plus de choses à dire, mais pas maintenant. Pas envie de mettre des mots sur cette émotion pour le moment.

Bon bon bon, faut que j’arrête, c’est tout pour l’instant émotion là !

Sinon, à Taiwan, les anniversaires se fêtent avec la famille. Mais comme ma famille est un peu loin, bah à midi, resto avec les autres inbounds pour mon anniversaire! Il y avait une vue sur la mer des plus terribles, et le repas étais super bon. Je pense peut-être y retourner un de ces quatre, j’essayerais de prendre des photos. Ma mère d’acceuil sait que j’suis pas ultra fan des pâtisseries mais dingues des fruits, du coup elle a commandé deux gâteaux tous simples mais avec la blinde de fruits dessus et dedans. Rah mon dieu c’était trop bonnnnn. L’autre inbound français m’a offert un pot de caramel au beurre salé. Autant vous dire que j’y ai bien noyé mon chagrin en deux coups de cuillère à pot le soir venu. Et ce week end, des amies de ma classes m’emmènent dans un resto je sais pas encore lequel. A Taiwan les jeunes sortent pas des masses en dehors de l’école, en tous cas pas comme en France, du coup on relativise entre inbounds, et étant donné qu’on est une bonne douzaine, on est tous vachement soudés.

(non vous rêvez pas c’est des tomates cerises les trucs rouges là.)
Même mon club rotarien, qui avait une réunion le soir, a acheté un méga gâteau. Bon vu la gueule du colis et les gaufrettes de Mamie momo et les bonbons et tout que j’ai reçu, j’en ai pas pris des masses, mais rien qu’à voir la pauvre photo que j’ai prise avant qu’il ne soit englouti, je vous laisse imaginer le truc. Mais ce gâteau n’est pas que le mien, c’est aussi celui d’un membre de mon club qui la semaine dernière fêtait ses … 93 ans. Ouais. Dire que je me sentais vieille d’en avoir 18 punaise, maintenant vous inquiétez pas cette impression est passée.

Apparte : Anouk Delattre, je t’aime. Le “D’habitude , on prépare des grands repas pour les anniversaire, mais là on mange des pâtes. » que tu m’a écrit dans ton mail est sans doutes la phrase qui m’a achevée … de rire !

Je sais pas trop quand je percuterais. Mais je vous tiendrais au courant.
Au mois prochain donc. Les hostilités de Noël et des fêtes de fin d’année approchent, je pense vous écrire avant le nouvel an chinois. Ici, la religion catholique est une minorité, du coup … pas de vacances de Noël ! Eh ouais. Mon lycée est privé et catho, du coup le 25 décembre est férié, mais dans les lycées des autres inbounds, c’est un jour comme les autres, ils ont même cours ! Mais je relativise en me disant qu’on profite d’une quinzaine de degrés de plus pour cet hivert. Quoique. Après deux mois et demis sous 30 degrés, revenir à 17 en une semaine m’a refilé un bon mal de gorge et m’a fait sortir pull et écharpe de ma valise. Oui, jusqu’ici pas besoin, ils sont donc restés bien pliés dans ma valise sous mon lit.
Et j’me suis acheté des Doc Martens aussi … et les pansements qui vont avec. (taille des premières cloques = taille de mon ongle de pouce, véridique)


Allez, je crois bien qu’il est temps de vous dire à la prochaine. Merci encore, pour tout.

Soizic, qui a fini les gauffrettes et maintenant s'attaque aux fraises Tagada (on sort les grands moyens !)




jeudi 28 novembre 2013

Point Novembre - 28.11



Salut tout le monde !

Voilà donc un mois que je n’ai rien publié, ce qui signifie que j’ai pas mal de choses à vous dire !
Des trois mois pleins que j’ai passés ici, celui de Novembre n’a pas été le plus facile à gérer. Après la phase émerveillement-découverte qu’ont été septembre et octobre, je me suis rendue compte au cours de ce dernier mois que les choses sérieuses commencent.

Et ce par la langue en premier lieu. Rah, le chinois, quand on dit que c’est du chinois, c’est pas pour rien (mes plus sincères excuses, mes gènes paternels qui ont causé ce jeux de mot seront sévèrements punis, je vous le promet). Tous les jours cinq fois par semaine, je gratte gratte gratte, des colonnes d’idéogrammes à la pelle. Résultat j’en maîtrise environ 200. Sur un mois de boulot c’est déjà pas mal, mais il y a tellement à apprendre … 200 c’est rien par rapport aux 800 requis pour pouvoir lire à peu près tout ce qui m’entoure; panneaux, journaux, papiers et j’en passe. A chaque cours où je comprend rien, au lieu de tuer le temps à dessiner je gratte sur des cahiers d’école primaire des caractères, et franchement j’adore ça. J’aime beaucoup dessiner à la base, et franchement l’écriture chinoise c’est … bah spécial. Mais j’adore. Contrairement aux système occidental de l’alphabet, on n’écrit pas ce qu’on entend mais ce qu’on voit. Ainsi pour un même son on peut avoir jusqu’à des dizaines de caractères différents. J’vous ferais un cours à mon retour pour ceux que ça intéresse.

A part le chinois, ma vie au lycée continue. Les 7 et 8 novembres on a eu les Sport Day à mon lycée. Le Jeudi pour commencer; toutes les classes avaient un thème et une musique et une choré à présenter devant le principal, des militaires (mon lycée a une base aérienne et des cours de tir sont organisés, pour info) et d’autres personnes du lycée. Y’en a qui ont fait un Harlem Shake, par exemple. Le thème de ma classe était l’horreur, et on a tapé une choré sur Thriller de Mickael Jackson. C’est trop fort de voir des profs principaux qui se déguisent, d’étrangler son prof de chinois, et de se déguiser en Joker. Si, si, je l’ai fait. Et je vous jure qu’on a arrêté de m’emmerder pour prendre des photos, du moins au début. Si j’avais su, je me serais collée une lame de rasoir dans la bouche plus tôt !

Sinon j’ai fini 4e au 800m, devant tout le monde à 8h du mat’. Pas de podium donc, mais un joli papier où je peux quasiment rien lire parce que tout est en chinois avec des caractères que je connais pas (encore) bien sûr. Mais mes camarades, d’autres gens et même les petits de primaire et ceux du collège m’ont crié “Li-on ! Li-on !” en chinois pendant que je courais, c’était bien marrant à voir. J’étais un peu déçue de rien remporter pour ma classe mais ma prof m’a dit que j’ai peut être pas la vitesse mais au moins j’ai la crinière … je suppose que je dois bien le prendre nan ?
Et comme ça, toute la journée, c’est une grosse compétition d’athléthisme en fait. Y’avait différentes courses, différentes catégories, on encourage ses amis et parfois juste tout le monde. Mais il y a aussi des épreuves collectives auxquel j’ai participé : corde à sauter à 20 personnes (Oui j’ai fait de la corde à sauter, j’ai 18 ans dans deux jours, tout va bien bonsoir),  relais divers, courses “5 heads 6 legs” (cinq personnes avec les pieds accrochés qui doivent faire un  parcours le plus vite possible, c’est génial). Et le mieux : mêmes les profs, répartits en équipes, ont participé ! C’est terrible de voir ses profs faire les mêmes épreuves que nous. Essayez d’imaginer ça en France sérieux, ce serait impossible. Ici le truc c’est “tu t’amuses, tu rigoles et tu passes du bon temps”. C’est pas focalisé sur la compète et le foutage de gueule, comme ce serait le cas en France je pense. En tous les cas ces deux jours étaient géniaux, ma classe a gagné genre cinq épreuves (courses individuelles, un relais, meilleurs déguisements et meilleur esprit d’équipe). En ces deux jours, j’ai l’impression que les liens que je noue avec mes camarades se renforcent au point de devenir de véritables amitiés. Ils m’aident, me corrigent quand mes caractères sont pas bons. Mon chinois oral s’améliore beaucoup en travaillant l’écriture mais désormais j’arrive à demander les trucs les plus importants et à avoir des petites conversations avec eux sans passer une seule fois par l’anglais. La langue fait l’intégration bien plus qu’on ne l’imagine.

Sinon bah les week ends quand je rattrappe pas mes heures de sommeil, quand je sors pas, je bosse pas mon chinois.

J’ai aussi découvert le paradis sur terre. Je vous laisse regarder.
 Fruits que j'avais jamais vu avant, trop bonnnnnns !!

Comme on le dit dans une de mes séries préférées, Winter Is Coming ! Eh ouais, bon ok je sais dans le nord il fait en dessous de 10 degrés depuis des semaines mais ici, 20 degrés et on sort les uniformes d’hiver et les écharpes. JE VOUS JURE. En fait Taiwan c’est vachement humide, du coup le thermomètre peut afficher 22 degrés on caille quand même … pis quand on sort de deux mois à 30 degrés minimum le choc est rude … me regardez pas comme ça …
Et j’arrive de mieux en mieux à faire face au problème que j’ai évoqué la dernière fois. Quand les gens me regardent comme un animal ou autre chose, je garde la tête haute, si c’est vraiment méchant je les fixe, le tout avec de la musique à fond pour passer à autre chose. J’évite les touristes en marchant un peu plus c’est vrai, mais avec de la musique c’est pas si mal. Après tout, je ne peux rien faire de plus ! Mais c’est pas un truc aussi stupide qui me gâchera le voyage, oh ça non.

Et sans oublier un truc un petit peu important. A l’heure où j’écris, dans très exactement 2 jours et 4 heures, je passe le cap de la majorité. Outre le fait que ça me fait toujours flipper, que je me sens un peu mal en me disant que je fête ça à 10 000 km de mes amis et de ma famille, je relativise en me disant que je le passe ici, à Taiwan, en plein échange, à l’autre bout du monde, avec de nouvelles personnes dans ma vie, et c’est pas si mal au final niveau souvenir inoubliable.
Point culture à propos des anniversaires: Ma mère d’acceuil m’a dit qu’en Asie, généralement, ce sont pas les parents qui offrent un cadeau aux enfants mais …. L’inverse ! Eh ouais. En gros c’est “Si je peux vivre une année de plus c’est grâce à vous qui m’avez donné la vie” si j’ai bien compris. Aux anniversaire, ce sont donc les enfants qui remercient les parents. C’est tout con, et j’y avais jamais vraiment pensé … mais carrément logique à mes yeux.

Voilà, voilà, je sais j’ai pas écrit énormément de trucs, mais c’est tout bonnement parce que j’ai rien d’autre de très important à dire pour le moment. Comme je vous le répète, la phase découverte est terminée, une phase plus sérieuse commence et le temps que je passe sur mon ordi à vous raconter tout ça est le temps que je ne passe pas à bosser, me reposer ou apprendre plein d’autres choses sur la culture taiwannaise. Mais bon, faire un break et faire le point fait aussi du bien. Je vous écrirais peut-être quelque chose après mon anniversaire. Pour le moment, j’essaie de pas trop regarder sur ma vie en France, sinon je sens le homesick venir à grands pas …

Je voudrais remercier du fond du coeur mes parents et mes deux supermamies et ma soeur pour le méga colis. Ca m’a fait un plaisir immense de le déballer comme un cadeau de noël, et découvrir son contenu j’vous raconte pas. Merci du fond du coeur.
Anouk, tes emails sont PARFAITS.

6 kilos 400, j'ai hallucine quand j'ai vu ca sur le papier !

Adieu regime...

Aussi, un grand merci à Pascal pour son mail, la vanne du riz hahaha  je m’y attendais pas à celle-là tiens.
Et pour la vidéo groupée, F R C C C J H A B B A T, qui se reconnaîtront. Sachez en tous les cas que cette musique que vous avez choisie, tous les taiwannais sont archi fans !
Et à ma Marraine chérie d’amour pour son petit colis aussi. Le gilet jaune m’a fait bien marrer, la carte est superbe, bref que du bonheur !

A bientôt, enfin, à dans huit mois physiquement parlant !

Soizic, qui noie ses angoisses de future vie d’adulte dans les gaufrettes de Mamie Momo.


PS : La mayonnaise a Taiwan ... nan et toi?